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Quand les médias discréditent la Géo-Ingénierie (1)

8 Février 2011 , Rédigé par ActuChem Publié dans #Géo-Ingénierie

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Le côté sombre de la cure climatique

 

Traduction de l'article par Hélios (voir son blog) :

 

Cela sonnait comme une panacée pour le changement climatique: le"geo-engineering" de l'atmosphère qui bloque certains rayons solaires et contre le réchauffement climatique. Aujourd'hui, des scientifiques qui décortiquent cette approche affirment qu'elle pourrait produire des effets en cascade dangereux, perturbant gravement la météo et l'agriculture et qu'elle serait de toutes façons insuffisante pour bloquer le pire de l'effet de serre.

 

Deux éminents spécialistes du climat ont soulevé en 2006 le recours à une géo-ingénierie qui a été invoquée depuis comme une sortie de secours mondiale - une solution rapide pour stabiliser ou même inverser le réchauffement de la planète. Cela barrerait la route aux vagues de chaleur en augmentation, aux sécheresses et à l'élévation du niveau des mers. L'estimation de prix est pas mal non plus. Une analyse de 2009 a conclu que la géo-ingénierie coûterait plus ou moins 2 milliards par an, de la menue monnaie par rapport à la reconversion du charbon, du pétrole et du gaz naturel producteurs de CO2, en éolien, solaire, nucléaire et biocarburants.

 

Mais une étude plus approfondie révèle des pièges inquiétants, selon une série de documents qui paraîtront dans le prochain numéro de Atmospheric Science Letters. La plus grande menace concerne les moussons asiatiques, qui sont générées par la différence de température entre la chaleur terrestre et les mers plus froides. L'un des plans consiste à faire sillonner la planète par une flotte d'avions pour relâcher chaque année cinq mégatonnes de dioxyde de soufre. Le gaz se mélangerait à l'eau dans la stratosphère pour former de minuscules particules appelées aérosols sulfatés, qui rediffuseraient la lumière solaire vers l'espace avant qu'elle puisse réchauffer l'atmosphère ou le sol. (C'est aussi la façon dont les éruptions volcaniques refroidissent la planète.)

 

Mais les océans sont plus difficiles à refroidir que les terres. En réalité quand le soleil baisse, les terres plus chaudes se refroidissent plus vite que les océans, explique Alan Robock météorologiste à l'Université Rutgers. En diminuant cet écart de température entre la terre et la mer, cela affaiblirait la mousson d'été sur l'Asie et l'Afrique, catastrophe potentielle pour les milliards de gens qui dépendent de la pluie pour leurs cultures.

 

Paradoxalement, la géo-ingénierie pourrait aussi renforcer certaines des pires conséquences du réchauffement climatique, affirme le modéliste du climat Olivier Boucher du Met Office britannique, le service de météo nationale du Royaume-Uni. Il a mis au point un projet, des navires pulvériseraient au-dessus des océans de l'eau de mer qui en s'évaporant formerait une couche d'aérosols salés et rendrait ainsi les nuages marins plus lumineux afin de refléter davantage de lumière solaire vers l'espace. Mais en raison de la localisation des nuages, les effets de refroidissement ne seraient pas uniformes. En Amazonie cela pourrait probablement augmenter l'assèchement par effet de serre, et menacer la profusion d'espèces qui vivent là, ainsi que la capacité de la forêt tropicale à pomper le CO2.

 

La plus grande surprise peut-être pour les scientifiques est que la géo-ingénierie semble échouer pour stopper le réchauffement dans l'Arctique. "Le réchauffement se poursuit pas mal là-bas'' dit Boucher, ''on ne parvient pas à y inverser l'effet de serre." Le problème, c'est que la perte de banquise sape les bandes de haute pression qui encerclent les vents arctiques, dirigeant les tempêtes d'hiver plus au sud. L'Europe et les Etats-Unis continueront à être frappés par des hivers rigoureux et de la neige, et le niveau des océans continuera à augmenter. (Attendez-vous à un marché en hausse pour les digues).

 

Le plus inquiétant est la manière dont la géo-ingénierie pourrait perturber les "téléconnexions." Ces liaisons longue distance font que des conditions météo à un endroit donné influencent aussi le temps à l'autre bout du monde. La téléconnexion la plus connue est le phénomène El Niño/Oscillation Australe: les eaux chaudes à l'est du Pacifique affaiblissent les alizés, ce qui apporte des déluges aux sud des États-Unis et au Pérou, mais une sécheresse en Indonésie et en Australie. ''La force et l'apparition d'El Niño pourraient changer dans un monde où la géo-ingénierie est utilisée, explique Peter Braesicke, climatologue à l'Université de Cambridge. Même si des approches sécuritaires et efficaces sont trouvées, les scientifiques ne peuvent répondre à ce qui peut être l'ultime défi: assurer à long terme un soutien politique et économique pour de telles mesures. Si le monde devient soudainement acculé ou incapable de continuer à fournir à l'atmosphère un écran solaire, même si nous continuons à pomper le CO2, nous serons dans une situation pire qu'avant.

 

Source: http://www.newsweek.com/2011/01/30/a-climate-cure-s-dark-side.html

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