Opération Cumulus : 1952 !
Traduction de l'article par Hélios (voir son blog) :
Des « faiseurs de pluie » de la RAF responsables de l'inondation de 1952 :
The Guardian, le 30 août 2001
Le 15 août 1952, l'une des pires inondations-éclair qui ait jamais eu lieu en Grande-Bretagne a balayé le village de Lynmouth dans le Devon. Trente-cinq personnes sont mortes lorsque des tonnes d'eau et des milliers de tonnes de roches des landes d'Exmoor se sont déversés et ont détruit dans le village
maisons, ponts, commerces et hôtels.
La catastrophe a été officiellement appelée «la main de Dieu», mais de nouvelles preuves provenant de fichiers gouvernementaux classés suggère qu'une équipe internationale de scientifiques travaillant avec la RAF pourrait être impliquée en expérimentant la même semaine des pluies artificielles dans le sud de la Grande-Bretagne. Le chef d'escadron Len Otley, qui travaillait sur ce qui était connu comme l'Opération Cumulus, a déclaré à la BBC qu'ils faisaient allusion en plaisantant à l'exercice de fabrication de pluie de l'opération « Apprenti sorcier »." Son copilote, le capitaine John Hart, se souvient du succès de ces premières expériences: "Nous avons traversé le sommet du nuage, et déversé de la glace sèche. Nous sommes redescendus pour voir si de la pluie sortait du nuage et ça s'est produit environ 30 minutes plus tard, et nous avons tous applaudi. "
Le bureau météorologique a nié dans le passé qu'il y avait eu des expériences antérieures à 1955 pour fabriquer de la pluie, mais une enquête historique sur la radio 4 de la BBC, qui sera diffusée ce soir (le 30 août 2001, NDT), a mis au jour des documents récemment publiés au greffe publique démontrant qu'elles étaient en cours entre 1949 et 1955. Le journal de bord de la RAF et son personnel confirment les éléments de preuve.
Jusqu'à aujourd'hui, le ministère de la Défense a catégoriquement nié avoir connaissance de toutes les expériences d'ensemencement de nuages qui se seraient déroulées au Royaume-Uni au début d'août 1952. Mais des documents suggèrent que l'opération Cumulus s'est déroulée entre le 4 et le 15 août 1952. Les scientifiques étaient basés à l'école d'aéronautique de Cranfield et travaillaient en collaboration avec la Royal Air Force et la recherche météorologique du Ministère de la Défense basée à Farnborough. Les produits chimiques étaient fournis par ICI à Billingham.
Les rapports de la météo de l'époque décrivent des vols effectués pour recueillir des données sur la température des cumulus, leur teneur en eau, leur taux de givrage, leurs mouvements verticaux et leurs turbulences, ainsi que sur l'eau en suspension et la formation de cristaux de glace. Il n'est fait aucune mention d'un ensemencement de nuages. Mais une émission de radio vieille de 50 ans déterrée par Radio 4 parle d'un ingénieur en aéronautique et pilote de planeur, Alan Yates, qui collaborait à l'Opération Cumulus à l'époque et survolait le Bedfordshire, pulvérisant des quantités de sel. Il a été ravi d'apprendre des scientifiques que cela avait entraîné une violente averse à 97 km plus loin sur Staines, dans le Middlesex.
"On m'a dit que les pluies avait été les plus conséquentes depuis plusieurs années – venant toutes d'un ciel qui semblait estival... il n'y avait pas à déguiser le fait que l'ensemenceur avait dit qu'il ferait pleuvoir, et il l'a fait. On a porté un toast à la météorologie jusqu'au moment où on a lu le bulletin d'infos de la BBC sur Lynmouth, et un silence de plomb est tombé dans l'assemblée », a déclaré Yates à l'époque.
L'Opération Cumulus a été mise définitivement en stand-by après la tragédie.
Des minutes déclassifiées d'une réunion du ministère de l'air au War Office en date du 3 novembre 1953, expliquent pourquoi les militaires étaient intéressés à accroître la pluie et la neige par des moyens artificiels. La liste des utilisations possibles incluait "l'enlisement des mouvements ennemis", "l'augmentation du débit d'eau des rivières et des ruisseaux pour entraver ou interrompre les traversées d'ennemis '', et le dégagement du brouillard sur les aérodromes.
Les documents parlent aussi de la fabrication de pluie ayant la capacité "de faire exploser une arme atomique par l'ensemencement d'un système de tempête ou de nuages, qui créerait une zone de contamination radioactive beaucoup plus vaste qu'une explosion atomique normale ''.
Les expériences britanniques pour modifier le temps à l'époque présageaient une pratique courante aux États-Unis. L'idée était de cibler des nuages «super froids», et d'augmenter le volume de particules de vapeur d'eau pouvant geler. La plupart des méthodes impliquaient de bombarder les nuages de particules de sel, de neige carbonique ou d'iodure d'argent, soit à partir d'un avion, soit par des brûleurs au sol. Alors les nuages précipitaient, alourdis par le poids supplémentaire de particules denses et une température en dessous de zéro, les faisant pleuvoir plus tôt et plus fortement que normalement. Significativement, il a été affirmé que l'iodure d'argent pouvait causer une averse jusqu'à 550km.
De nombreux pays utilisent maintenant cette technologie qui s'est considérablement améliorée au cours des 50 dernières années. Mais une controverse entoure encore l'efficacité de ces expériences d'ensemencement des nuages. En 1955, des questions ont été posées à la Chambre des Communes sur les possibilités de recours à une quelconque responsabilité et indemnisation. Les documents de la BBC indiquent que les ministères de l'air et des finances étaient devenus très anxieux et savaient que faire venir la pluie pourrait causer des dommages, non seulement aux cibles et au personnel militaires, mais également aux civils.
Le British Geological Survey a récemment examiné les sédiments de sol dans le district de Lynmouth pour voir s'il subsistait des résidus d'iodure d'argent. L'essai a été limité par des restrictions locales en raison de la fièvre aphteuse, et il n'est pas concluant. Cependant des résidus d'argent ont été découverts dans les eaux de captage de la rivière Lyn. Le BGS fera des recherches plus avant au cours des 18 prochains mois.
Les survivants de l'inondation de Lynmouth ont demandé - mais ne l'ont jamais obtenu - une enquête approfondie sur les causes de la catastrophe. Des rumeurs persistent à ce jour sur des avions vus volant en cercle avant l'inondation.
Source: http://www.guardian.co.uk/uk/2001/aug/30/sillyseason.physicalsciences
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