[NAGOYA] La géoingénierie en ligne de mire !
Affaire à suivre !
Au sommet international sur la biodiversité de Nagoya, plusieurs Etats ont rejoint les Philippines pour demander un moratoire sur les techniques de géoingénierie destinées à lutter contre l’effet de serre. Ces manipulations à grande échelle pourraient avoir des effets néfastes.
Mercredi matin à Nagoya, les Philippines ont officiellement demandé un moratoire pour toutes les techniques de géoingénierie visant à lutter contre les changements climatiques. En cours de séance de négociation sur les liens entre la biodiversité et le réchauffement climatique, la représentante de cet Etat a invoqué le principe de précaution. Elle a été rejointe par le Costa Rica, Tuvalu, Grenade, la Suisse, les pays africains, et dix pays d’Amérique du sud (le groupe Alba dont font partie le Venezuela et Cuba).
Cadre réglementaire
Selon les Philippines, plus aucune expérimentation ne devrait avoir lieu dans quelque endroit de la planète sans qu’un cadre réglementaire et un mécanisme international d’encadrement et de surveillance n’ait été mis en place. Dans la ligne de mire: la fertilisation des océans par du fer afin de stimuler la croissance du phytoplancton, lui même fixateur de CO2. Le projet est présenté comme un bon moyen de lutter contre les gaz à effet de serre. Les expériences menées n’ont pas vraiment été concluantes. Les Philippines font remarquer que ces initiatives ont lieu dans les eaux internationales, sans aucun contrôle et échappent ainsi à toute demande d’autorisation.
En 2008, la Convention sur la biodiversité biologique s’était déjà saisie de la question, s’estimant légitime sur des opérations qui peuvent perturber la biodiversité marine et un groupe technique issu de la Convention étudie la question. Mais, là, c’est un vrai moratoire qui est demandé. Même les essais devraient être interdits tant que des études n’ont pas été menées sur les effets néfastes possibles de telles expériences.
Peindre en blanc
Cette position a été saluée par nombre d’ONG qui s’opposent aux propositions d’ingénieurs pour «réparer» des déséquilibres créés par l’homme. Outre l’ensemencent des mers, ces ONG ciblent également l’amélioration de l’albedo de la Terre (sa capacité à renvoyer le rayonnement solaire) par la peinture en blanc de grandes surfaces -notamment des toits-, l’aspersion d’eau de mer dans l’atmosphère pour augmenter la création de nuages ou encore… la capture et le stockage de CO2, une technique qui fait déjà l’objet de nombreuses expériences partout dans le monde et notamment en France.
Les discussions sur ce sujet ont duré toute la nuit de mercredi à jeudi. Les négociateurs tentent de mieux définir le terme de géoingénierie afin de
délimiter le champ d'application d'un éventuel moratoire dans des conditions acceptables pour la recherche scientifique.
Le sommet international sur la biodiversité de Nagoya, qui rassemble les Etats signataires de la Convention sur la diversité biologique, se poursuit au Japon
jusqu’au 28 octobre.
Loïc Chauveau
en direct de Nagoya, au Japon
Sciences et Avenir.fr
21/10/10
Merci à pl23 pour le lien.
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