La Géo-ingénierie évaluée par les experts de l'ONU à Lima !
Enlever la géoingénierie de la table
125 organisations internationales et nationales, représentant au moins 40 pays de tous les continents, ont envoyé une lettre ouverte au groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC), exigeant une déclaration claire de son engagement de précaution et de l'actuel moratoire international sur la géoingénierie. Le GIEC tiendra une réunion d'experts sur la géoingénierie la semaine prochaine à Lima, au Pérou.
La géoingénierie est la manipulation délibérée des systèmes de la terre pour modifier le climat, y compris des technologies à haut risque, comme le dynamitage des particules dans la stratosphère pour imiter les éruptions volcaniques et la « fertilisation » des Océans pour cultiver du phytoplancton pour la séquestration du carbone.
Autrefois dans le domaine de la science-fiction, la géoingénierie a gagné du terrain comme une réponse possible à la crise climatique, selon un communiqué de presse des organisations.
En octobre 2010, la Convention des Nations Unies sur la diversité biologique a établi un moratoire sur les géoingénierie. Néanmoins, Christiana Figueres, la Secrétaire exécutive de la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), a dit a The Guardian la semaine dernière que « nous nous plaçons nous-mêmes dans un scénario où nous aurons à développer des technologies plus puissantes pour capturer les émissions de l'atmosphère, » se référant aux techniques de la géoingénierie.
Meenakshi Raman, du Third World Network-Malaisie qui a signé la lettre au GIEC, a fait valoir que "C'est complètement erronée pour Mme Figueres à suggérer que nous travaillons sur la succion de carbone de l'atmosphère plutôt que d’arrêter de le mettre ; Il est tout aussi erronée pour le GIEC de présumer que la géoingénierie a une place à ce qu'ils appellent le portfolio des options de réponse aux changements climatiques. »
« Ce n'est pas un affaire scientifique ; C'est un affaire politique », a ajouté Raman.
Les gouvernements des États-Unis et du Royaume-Uni semblent particulièrement ouverts à la perspective de la géoingénierie, ce qui n'est pas surprenant, selon Silvia Ribeiro du groupe ETC. « C'est un moyen commode pour les gouvernements du Nord d’éviter leurs engagements de réduction des émissions. » Ribeiro continue, « mais le climat est un système complexe ; la manipulation climatique dans un endroit pourrait avoir de graves impacts environnementaux, sociaux et économiques sur les pays et les peuples qui n'ont pas de voix sur la question. Les scientifiques estiment que le dynamitage des particules dans la stratosphère pourrait modifier les patrons des courants et des vents et mettre en péril les sources de nourriture et d'eau de 2 milliards de personnes. »
« Pendant que le monde regardait l'industrie des compagnies aériennes australiennes dans le chaos cette semaine par les cendres volcaniques du Chili, il est absurde que le IPCC examine comment faire la même chose exprès» dit Ricardo Navarro, de Cesta et Amis de la Terre International, détenu à Buenos Aires en raison de la cendre volcanique.
La Via Campesina, grand réseau de petits agriculteurs, craint que les impacts de la manipulation du climat sur l'agriculture se fassent sentir particulièrement par les paysans du Sud et que manipuler les océans pourrait détruire les moyens de subsistance de milliers de petits pêcheurs. « la géoingénierie est une fausse solution au changement climatique et tellement dangereuse pour la nature et pour la population mondiale, elle devrait être interdite, » a soutenu le groupe.
Source: http://www.socialwatch.org/fr/node/13273
Climat: les experts de l'ONU évaluent le plan B contre le réchauffement
BONN (Allemagne) - Un parasol géant dans l'espace ou des tours pour capter le CO2: les scientifiques de l'ONU vont regarder à la loupe les options
technologiques envisagées pour lutter contre le réchauffement climatique au moment où les négociations internationales patinent toujours.
Des spécialistes du Groupe d'experts de l'ONU sur l'évolution du climat (Giec) se retrouvent à partir de lundi à Lima pour passer en revue ces solutions qui
soulèvent nombre de critiques de la part de ceux qui redoutent plus de conséquences néfastes que de bénéfices pour la planète.
Ces propositions de géo-ingénierie n'en sont globalement qu'au stade de projets mais certaines ont toutefois déjà été expérimentées.
Parmi les options évoquées pour refroidir la planète ou au moins freiner la hausse de la température: fertiliser les océans avec du fer pour accélérer la
croissance des micro-organismes absorbant le CO2, diffuser des particules artificielles dans la haute atmosphère pour réfléchir les rayons du soleil,
construire des tours capables d'extraire du CO2 de l'atmosphère...
Sans compter celle, digne de la science-fiction, d'envoyer un parasol géant dans l'espace.
Ces réponses technologiques suscitent des critiques face aux risques potentiels d'effets secondaires ou de conséquences non prévues qu'elles pourraient
entraîner pour la fine mécanique climatique et la biodiversité.
L'autre danger, selon certains observateurs, est politique: la perspective d'une solution rapide au réchauffement affaiblirait le fragile consensus existant
sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre.
C'est une façon pratique pour les pays du nord d'esquiver leurs engagements de réduction, souligne Silvia Ribeiro, de
l'ETC Group, une ONG nord-américaine spécialisée sur les questions technologiques.
Plus d'une centaine d'organisations, dont ETC et Les Amis de la Terre, ont adressé cette semaine une lettre
ouverte au Giec demandant une déclaration claire sur son engagement à la prudence.
Il y a quatre ans, dans son 4e rapport d'évaluation, l'état des lieux de référence sur le changement climatique, les experts de l'ONU avaient écarté en
quelques lignes ces options de géo-ingénierie en raison de leurs risques potentiels et de leurs coûts non évalués.
Ils choisissent aujourd'hui de regarder le sujet de plus près alors que les négociations climatiques en cours sous l'égide de l'ONU, dont un nouveau round
vient de se tenir à Bonn (Allemagne), ne progressent guère.
Les promesses actuelles de réduction des émissions de gaz à effet de serre annoncées par les pays sont loin de permettre de contenir le réchauffement sous le
seuil de 2°C préconisé par la science.
Mon souci est de remplir le mandat du Giec en apportant la meilleure information disponible pour permettre que soient prises des décisions en connaissance de
cause pour protéger le climat et l'environnement, explique à l'AFP Jean-Pascal van Ypersele, vice-président du groupe d'experts.
Nous allons regarder les avantages et les possibilités, mais aussi les aspects potentiellement négatifs, assure-t-il.
Les experts réunis pour trois jours au Pérou doivent évaluer les connaissances scientifiques sur le sujet mais sans faire de
recommandations.
En l'absence d'évaluation objective du GIEC, la seule information disponible pour les décideurs proviendrait d'une grande variété de sources, dont certaines
pourraient avoir des intérêts en jeu, fait valoir M. van Ypersele.
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